La Main de l'Empereur, Tome 1.

Auteur : Olivier Gay
Editeur : Editions Bragelonne
Parution : Novembre 2016
Pages : 384


RESUME :

DANS LA MAIN D’UN EMPEREUR, LES MORTELS NE SONT QUE DES PIONS.

Rekk n’a pas eu une enfance facile. Fils bâtard d’un gladiateur et d’une femme mariée, élevé par des prostituées, il est sauvé par son habileté à l’épée. Il se fait à son tour une place dans l’arène et en devient bientôt le champion. Mais Rekk doit poursuivre ailleurs un destin écrit en lettres de sang : l’Empereur en personne l’envoie rejoindre l’armée qui mène en son nom une guerre éprouvante contre les tribus koushites. En compagnie d’hommes démunis et amers, dans l’enfer de la jungle où le danger est partout, Rekk va devenir le bras armé de l’Empereur grâce à ses talents redoutables.
Lorsque l’on suscite l’admiration autant que la crainte et la haine, savoir se battre ne suffit pas toujours, et la frontière est ténue entre le héros et le monstre. Qu’arrivera-t-il à Rekk quand sa légende lui échappera ?

CHRONIQUE :

( 28 Janvier 2017)
 

Si vous vous intéressez à la fantasy, il est impossible que vous n’ayez jamais entendu parler de l’univers d’Olivier Gay. Personnellement, cela fait un moment que je voulais découvrir « La Main de l’Empereur », et le côté addictif d’un autre de ses romans (young adult cette fois), « la Magie de Paris », m’a convaincue de le sortir des 390 autres romans de ma PAL...
 
Et donc, pour être constructive, je vous dirai : « Ouaoh, quelle claque ! ».
Voilà.
Merci, au revoir et bientôt...
 
Plus sérieusement, ce roman est aussi bon que sa couverture est belle (merci Magali Villeneuve).
 
Dans ce premier tome de dyptique, nous suivons Rekk, avant même sa naissance, jusqu’aux environs de ses 24 ans. Et autant dire qu’il n’a pas une vie banale.
 
Concernant l’histoire, la quatrième de couverture vous en dit ce qu’il faut.
 
Concernant l’ambiance... Elle est à la fois sombre.... et lumineuse. Pour un ensemble totalement addictif, et absolument néfaste pour le sommeil. Alors certes l’histoire est dense, mais tout est justement dosé, il n’y a a pas de longueur, mais il ne manque pas non plus d’éléments, ce qui n’est pas si évident lorsque vous brossez 24 ans d’une vie.
 
Le fait de suivre Rekk depuis sa naissance donne énormément de profondeur à son personnage et à ceux qui l’entourent, car l’auteur leur construit une « vraie » vie avec un passif, un vécu qui forge les personnalités.
 
Après, le personnage de Rekk est extrêmement complexe, pas tendre pour un sou, mais il est vrai qu’au fur et à mesure on s’attache indubitablement à lui. Et en cela, l’auteur est particulièrement machiavélique puisque malgré tout, je ne pouvais que condamner bon nombre de ses actions. Il mérite amplement son surnom de Boucher et de Danseur Rouge. Et en même temps, dans sa complexité, il est d’une naïveté incroyable... En somme, Rekk est définitivement LE anti-héros par excellence. Et entre nous, ce sont quand même les meilleurs, non ? Bon par contre je noterai tout de même que Le Boucher a une chance insolente, peut-être un peu trop d’ailleurs...
 
Et pour ne rien gâcher, il est entouré de personnages tout aussi nuancés et travaillés. Notamment l’Empereur Bel, qui, à la fois machiavélique et charmeur, est au final un très grand manipulateur, malgré son jeune âge.
 
Et puis il y a aussi Bishia et Dareen, les deux femmes qui gravitent autour de Rekk. Elles sont un peu le soleil et la lune, très complémentaires et attachantes chacune à leur manière. J’espère les retrouver dans le deuxième tome car je pense qu’avec la façon qu’a l’auteur de travailler ses personnages, ce pourrait être assez surprenant.
 
« - Tu as un bon fond, Dareen. Je ne comprends pas pourquoi tu te livres à la contrebande.
La femme haussa les épaules en sortant de la tente.
- Tu as un bon fond, Rekk. Je ne comprends pas pourquoi tu tues des gens. »

 
En plus de ces personnages passionnants, le scénario en lui-même est creusé. Nous faisons donc la connaissance des parents de Rekk, puis suivons la naissance de celui-ci, son enfance, nous le voyons devenir un gladiateur, être obligé de quitter l’arène et s’engager dans l’armée Impériale, engagée dans une guerre sans fin contre les Koushites.
Voilà Rekk qui se retrouve en pleine jungle, harcelé par les koushites, la chaleur, les serpents et les moustiques.
 
« - Sans moi, vous seriez déjà morts de faim ou de soif, râlait Lepidus devant eux.
- Ouais, eh ben, ça ne serait pas forcément un mal. Déesse du Destin, on est en train de marcher vers le Bord du Monde et on va finir par tomber, siffla Adamas. En plus, la dernière mare que tu nous as trouvée était croupie.
- Elle était très bien, cette eau. Tu as un estomac délicat, c’est tout.
- Mon estomac t’emmerde, Lepidus.
- En attendant, c’est pas moi qui ai la chiasse. »

 
Cette multitude d’événements fait que nous n’avons pas le temps de nous ennuyer une seconde puisque l’action se renouvelle, sans cesse.
 
Et puis, il y a aussi tous ces combats. Duels dans l’arène, batailles dans la jungle, défense sur les murailles, raids dans les villages koushites... Les scènes de bataille sont particulièrement visuelles et j’en garde des images assez précises, auxquelles j’ai même pu ajouter les sons et les odeurs. Bref, vous l’aurez compris, la plume est assez marquante et les descriptions réalistes.
 
« Sur les remparts, quelques soldats levèrent la tête pour le regarder passer, mais il n’y avait plus de cris enthousiastes. Même s’ils l’avaient voulu, les hommes n’en avaient plus la force. Ils avaient tous perdu des compagnons, et savaient que leur tour allait venir. Leur épée était ébréchée, leur armure bosselée et leurs braies teintées d’urine. Personne n’avait pris le temps de se changer ou de se laver, et du sang séché leur collait à la peau.
La guerre ne ressemblait pas aux chants des bardes. L’héroïsme, ça sentait la terreur, la pisse et la mort. » 

 
En tout cas, lorsque j’ai fini cette lecture et que je me suis remémoré tout ce que j’avais « vécu » aux côtés de Rekk lors de cette histoire, je me suis vraiment rendu compte du chemin parcouru et donc de la richesse de ce roman...
 
Quant à la dernière page... On en parle de la dernière page ? Sérieusement ? Laisser un lecteur sur une telle horreur, c’est pas humain... Heureusement que le tome 2 est déjà sorti ! En tout cas, il retourne toute la situation et c’est impressionnant de sadisme. Bravo Olivier Gay (oui parce qu’au final, en tant que lecteur on est toujours un peu maso hein !)