Le Garçon et la ville qui ne souriait plus.
Auteur : David Bry
Editeur : Lynks
Parution : Janvier 2019
Pages : 356
RESUME :
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Des coupe-gorges de Mouffetard aux ruines de Notre-Dame, il devra compter sur son ami Ambroise, sur Joséphine, Lion et Akou, pour lever le voile sur la conjuration et échapper aux terribles Lames Noires, à la solde de l’archevêque de Paris.
Dans un monde assombri par la peur et l’intolérance, le salut peut-il venir de quelques adolescents en quête d’amour et de liberté ?
CHRONIQUE :
Voilà un roman qu’il me tardait de découvrir de par son résumé et son auteur. En effet, j’avais découvert David Bry il y a bien longtemps avec 2087, un roman dont je ne pourrai plus vous parler en détail mais qui me laisse, aujourd’hui encore, des images en tête. De quoi vous dire que la plume de David Bry est très marquante !
« Le garçon et la ville qui ne souriait plus » prend, tout comme 2087, décor à Paris mais dans une époque bien différente puisque nous basculons de 2087 à 1858, de l’anticipation à l’uchronie.
Que vous dire de ce roman mis à part qu’il m’a enchantée ? Et ce dès le début. « Le garçon » fait partie de ces petites claques littéraires dont l’on sait que l’on se souviendra longtemps...
L’histoire est fort originale, la plume magnifique et chantante. L’atmosphère ? Rien de moins qu’envoûtante. Quant aux personnages, ils sont à la hauteur du reste de ce récit... Je vous intrigue ? Suivez-moi pour quelques compléments d’informations...
L’histoire d’abord, se passe dans un Paris quelque peu différent, dans une France devenue totalitaire sous le règne d’un empereur peu commode. Un état où la différence n’est pas tolérée, où votre identité vous est quelque peu imposée... Voici en effet deux thèmes forts de ce récit, la différence et l’identité, avec tout ce qui gravite autour (la tolérance, le rejet, etc.…). Le tout extrêmement bien traité puisque sous couvert d’une magnifique histoire pleine de rebondissements ! Car ne vous détrompez pas, « Le garçon » est un livre qui bouge de la première à la dernière ligne !
Vous suivrez donc ici les pas de Romain, fils d’un bourgeois fortuné et d’une aristocrate ruinée qui s’accroche à son titre de noblesse comme à sa planche de salut. Mais romain étouffe de cette mère trop à cheval sur les convenances et les apparences. Alors chaque nuit, le jeune homme s’enfuit et va rejoindre la Cour des miracles et ses anormaux.
Oui car sur l’île de la Cité sont rassemblés tous les gens qui ne rentrent pas dans le moule d'une église encore plus totalitaire que le reste de l’état. Les difformes, les handicapés, les gens de couleurs, les trop petits, les trop grands, les trop gros ou les trop maigres... Tous ces gens hors des clous sont rejetés comme des malpropres dans ce lieu de misère, où, pourtant, semble y régner une liberté et une joie interdites à Romain...
"Nous savons tous, bien sûr, qui sont ces ennemis : ceux que Dieu, dans Son immense bonté, nous avait depuis si longtemps désignés par leurs traits ou leurs esprits si différents des nôtres, par leurs mœurs incompatibles avec la bienséance, les règles de la nature et celles de Dieu. Les anormaux."
Mais la routine du jeune garçon va être bouleversée lorsqu’il aura ouïe dire d’un terrible complot visant les habitants de la Cour... Et c’est ainsi que David Bry nous emmène dans une histoire et une enquête sensationnelles, que j’ai adoré suivre du début à la fin.
Le tout, comme je vous le disais, porté par une plume et une imagination qui font dégager à ce roman une atmosphère incroyable. Qu’il était agréable de se plonger dans cette ambiance et difficile de la lâcher !
Tout comme il était difficile d’abandonner la brochette de personnages somptueux qui nous sont présentés ici. Romain est tout en courage et sensibilité, et sera épaulé par la loyauté et la gentillesse sans faille de son ami Ambroise. Et c’est ainsi que les deux garçons vont faire la connaissance des personnes qui enrichiront certainement le plus leurs vies, de par leurs différences et libre pensée : les habitants de la Cour des miracles. Avec Akou qui a le malheur d’avoir la peau noire, Joséphine, dont le giron rembourré est mal vu par la partie bien-pensante de la ville, ou encore le roux Lion dont l’œil défiguré lui a valu sa disgrâce, tous les personnages créés par David Bry sont impressionnants de réalisme et de charme.
"Alors, j’ai une question à vous poser.
Qui sommes-nous, pour décider de ce qui est normal ou pas? Qui sommes-nous pour décider qui doit vivre dans notre société, et qui ne le doit pas? Et sous quel prétexte?"
Poursuivis par les Lames Noires à la solde de l’église, en danger à chaque moment de ce livre, les garçons nous emmènent d’un rythme enlevé à la découverte de ce magnifique univers.
Vous l’aurez sans doute compris, « Le garçon et la ville qui ne souriait plus » me fait démarrer l’année sur un superbe coup de cœur tout en poésie et tolérance.